TREVAREZ II
Si, à Trévarez, le génie humain se camoufle, indétectable, sous les collines artificielles et les immenses forêts de feuillus, il se révèle en revanche dans toute sa splendeur au centre du domaine inondé d’hortensias et planté d’arbres rares. Y domine une montagne dont le sommet a été abrasé, pour y jeter les fondations d’une construction gigantesque, visible à plusieurs kilomètres. On raconte que le château monumental qui s’y dresse désormais, tout en pinacles et gargouilles, est le dernier château néogothique bâti en France. Les travaux s’achèvent en 1906. Ici en effet, le Moyen-Âge ne pénètre pas plus loin que les façades. Celles-ci cachent l’une des constructions les plus modernes qui soient. Ascenseur, eau courante à tous les étages, baignoires et chauffage central pour tous, y compris pour les domestiques. Une utopie sans pareille. Le Seigneur du lieu n’est pas la Belle au bois dormant, bien qu’on s’attende à la voir nous saluer depuis l’ogive d’une fenêtre, mais l’héritier de la génération suivante, l’énigmatique et fascinant baron James de Kerjegu. Il a pour Trévarez de grands projets, et cette demeure échappée d’un conte en est l’enseigne monumentale.
Texte David Wahl
Photographie Sébastien Durand